Mobilités

Avenue de Fontainebleau : la sécurité avant tout

Depuis mi-septembre, de grandes jardinières ont été disposées par la Ville tout le long de la piste cyclable bleue de l’avenue de Fontainebleau, dans le sens Paris-province. L’objectif de cette mesure ? Rendre le trottoir aux piétons et créer un meilleur partage de l’espace public sur un axe très fréquenté.

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Après de longs mois d’échanges infructueux avec le Conseil départemental, gestionnaire de la RD7, qui avait accepté de déplacer la piste cyclable sur une voie provisoire avec les bus dans l’attente de la réalisation demandée par la ville d’une piste dédiée aux vélos, la ville a pris la décision de sécuriser le cheminement des piétons au même titre que les itinéraires cyclables.

Le 13 septembre dernier, les passants de l’avenue de Fontainebleau ont vu s’installer plusieurs bacs végétalisés le long du « ruban bleu », qui désigne l’ancienne piste cyclable qui occupait une partie du trottoir, depuis la rue du 14 juillet jusqu’à Villejuif. La ville a en effet souhaité s’attaquer au désordre urbain qui règne sur toute la partie piétonne, où se croisent dangereusement passants, cyclistes et trottinettes électriques, provoquant des heurts et faisant craindre des accidents. Une mesure qui a fini par s’imposer à la demande du Conseil de quartier en attendant que le Conseil départemental efface la piste bleue sur le trottoir afin que l’avenue de Fontainebleau puisse bénéficier d’un partage apaisé des usages.

Une demande de longue date

Créée à la sortie du confinement par le Conseil départemental du Val-de-Marne, chargé de cette route départementale, la « piste cyclable sanitaire » a longtemps fait l’objet de tractations entre ce dernier et la ville au sujet de son emplacement. Dans un courrier daté du 20 mai 2021, adressé au président du Conseil départemental, le maire du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent, évoquait déjà son incompréhension « quant aux travaux réalisés par les services départementaux avenue de Fontainebleau ». En effet, suite à la mise en œuvre d’une voie partagée bus/ vélo dans le sens Paris-province, comme convenu avec le département, l’édile insistait sur l’objectif « de rendre le plein usage du trottoir aux piétons et de permettre, tant aux cyclistes qu’aux piétons, d’évoluer dans un espace qui évite les conflits d’usage ».

« Le principal problème de l’avenue de Fontainebleau est que les espaces cyclables n’avaient pas suffisamment été anticipés, précise Sidi Chiakh, adjoint au maire chargé de la voirie. Aujourd’hui, les vélos ont l’impression d’être en trop, quel que soit leur emplacement. Ce que nous voulons faire avec le Conseil départemental, c’est aboutir à un aménagement durable ». En avril 2022, un nouveau courrier du maire prévenait, à défaut d’aménagement, de « l’installation de jardinières et de mobilier urbain sur cet axe, et plus particulièrement sur cette piste cyclable ». Une demande qui avait été formulée à de nombreuses reprises par les habitants lors des Conseils de quartiers.

Des avis divers

La mise en œuvre de cette décision n’a pas manqué d’interpeller les habitués de l’avenue de Fontainebleau sur la situation confuse qui règne autour de cette piste cyclable, avec des avis parfois divergents, mais toujours bien tranchés. « J’habite ici depuis 44 ans, indique Alice, concierge sur l’avenue de Fontainebleau. Il y a quelques mois, un cycliste m’a renversée alors que je sortais mes poubelles. J’ai eu le poignet cassé ! Aux abords des magasins, la vitesse des cyclistes est un danger pour les enfants et les piétons ».

Pour Adrien, un agent hospitalier qui sort tous les matins du métro pour rejoindre son lieu de travail, la limite de la piste cyclable pose également problème. « À cet endroit, il n’y a plus de marquage au sol, mais les cyclistes poursuivent tout de même leur chemin à vive allure en nous frôlant bien souvent. C’est dangereux pour nous mais aussi pour eux, car il n’y a aucune signalisation. Il y aurait plus de sécurité pour tout le monde s’ils roulaient directement sur la voie bus ». Une solution qui ne fait cependant pas l’unanimité. Ainsi, Adelino, un habitant de Villejuif qui emprunte tous les jours cet itinéraire, estime que « condamner le piste cyclable bleue est dommageable », avant de rajouter : « Si j’avais un vélo, je serais plus rassuré de circuler sur la bande bleue que sur la route ! ». L’association « 60 millions de piétons » a quant à elle fait part de son « soutien total » au projet d’effacement de la piste bleue.

Actions de prévention

Afin d‘éviter tout quiproquo, la Ville a complété ses installations par la mise en place de panneaux d’interdiction de circuler sur cette portion du trottoir. Ce qui n’empêche pas certains usagers à deux roues d’y poursuivre leur chemin. Ainsi, Sadio, une étudiante de 19 ans, vient d’apprendre qu’elle ne pouvait plus rouler à vélo sur la piste bleue. « Je n’avais pas fait attention aux panneaux d’interdiction, plaide-t-elle. À présent, je vais aller sur la voie partagée, mais avec les bus et les voitures en double
file, je ne suis pas très rassurée
».

Un double problème que la mairie a pris à bras le corps, en dépêchant sur place les agents de la police municipale de proximité afin de faire enlever les véhicules en infraction et de sensibiliser les cyclistes récalcitrants. « Pour l’instant, nous faisons de la prévention, indiquent les policiers municipaux, mais si le phénomène perdure, nous prendrons d’autres mesures ». Témoin de l’intervention, Françoise, une Kremlinoise de 66 ans, juge l’initiative de la police municipale d’un bon œil. « Les cyclistes roulent tellement vite qu’ils n’ont pas le temps de lire les panneaux, commente-t-elle. Je pense
que la situation va rapidement s’améliorer lorsque le département se sera enfin décidé à effacer cette peinture bleue !
».

Les discussions avec le Conseil départemental se poursuivent, avec l’objectif partagé avec la ville de pouvoir bénéficier d’un aménagement durable qui permette que tous les usagers de l’espace public puissent cohabiter en bonne intelligence et dans le respect des usages de chacun.

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